Bonjour,
Je viens de boucler cette petite pièce pour une joute musicale de MAO libre. Elle ne respecte pas les structures qu'on apprend chez Polyphonies car elle est pensée comme une musique de film; simplement le film n'existe que dans ma tête.
Mais cet "accouchement" m'a fait du bien car c'est la première fois que j'écris du "moi" depuis que j'ai commencé les cours de compositions et, à n'avoir rien écrit pendant plus de deux ans, pas même un arrangement, je commençais à me demander si l'étude des grands maîtres, aussi passionnante que je la trouve, n'en venait pas à  me masquer ma propre imagination. Donc non, c'est juste que l'inspiration est fantasque.

Où est la différence après deux ans de Polyphonies. Eh bien, en cours d'écriture, je pense que c'est la notion de schème et d'imitation qui fait la nouveauté. J'étais surpris de la longueur de la phrase mélodique de la première partie. Sans être venue facilement, elle s'est écrite naturellement. L'harmonie s'est faite au piano, mais la mélodie s'écrivait au-dessus à partir de la pratique d'écriture développée à Polyphonies. Et je me suis retrouvé avec un grand rythme très clair alors que je me souviens avoir eu beaucoup de mal avec cette notion à l'époque.
Et quand j'ai cherché à faire une deuxième partie plus violente, c'est en me demandant ce que je pouvais encore faire avec mon schème que ce dernier m'a emmené chez Prokoviev. Une fois que je l'avais en tête, plus moyen d'y échapper, il m'a fallu chercher comment l'habiller avec mon schème et mon harmonie pour légitimer sa parenté avec ce qui précédait.

Avec la pièce, https://soundcloud.com/user-796480434/valse-de-minuit , je vous recopie l'explication technique que j'en ai faite sur le site de la joute:
"Quelques explications sur la genèse: mon truc c'est plutôt la musique à l'image (du moins j'aimerais bien) et lorsqu'on balance juste un thème, ça ne déclenche pas grand chose chez moi. Mais celui-ci m'a immédiatement "projeté" devant un écran: un lent travelling en caméra subjective nous fait déboucher depuis un sentier en sous-bois sur une église isolée, entourée de son cimetière. Nous ouvrons le portail métallique pour rejoindre la fête qui ne s'y tient qu'à minuit (Oui, j'écoute aussi du Danny Elfman entre deux John Williams).
Comme je ne me voyais pas tourner le film qui allait avec la musique que j'avais en tête, j'ai décidé d'ajouter quelques bruitages pour compléter la narration. C'est finalement beaucoup plus compliqué que je ne le croyais car il n'est pas facile de trouver le son qu'on cherche (au moins en libre) et il n'est jamais exactement comme on veut. Du coup j'ai dû mélanger et retravailler des sons sous Audacity avant de les intégrer sous Rosegarden, jusqu'au bug de la mise à jour qui m'a obligé à passer sous Ardour.
Comme mon fils n'a pas pu se retenir de pouffer dès les premières mesures, je m'attends à toutes les réactions quant à ce choix de bruitages. Avec le temps, j'ai appris à assumer mon mauvais goût personnel.
Pour l'anecdote, j'ai trouvé un son de clocher qui sonne minuit; il ne s'agit pas d'un son de cloche que j'ai répété 12 fois. Et je me suis fixé comme contrainte de faire tomber ma musique plus ou moins dessus. Evidemment le mécanisme de l'horloge ne devait pas être parfait et les coups ne sont rythmiquement pas réguliers. J'ai dû m'amuser à modifier constamment le tempo sous cette partie pour retomber dessus. Vu le temps que j'ai passé sur cette acrobatie que personne ne remarquera, je m'en serais voulu de ne pas vous le signaler.
Pour les banques de sons, je pars toujours de la Sonatina Symphonic Orchestra sous Linux Sampler, dont j'adore les cordes; malheureusement je me fais régulièrement coincer par la tessiture ridiculement réduite de certains instruments, et je rajoute alors la Titanic avec QSynth."

Voilà! Je vais pouvoir retourner tranquillement à Beethoven. J'espère que Jean-Luc ne s'est pas trop inquiété que je ne lui envoie plus rien pendant presque deux mois.