Forum des élèves de Polyphonies, école à distance d'écriture musicale et de composition.
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Bonjour,
Tout d'abord bonnes fêtes de fin d'année à tous !
Une première question suite à la lecture du cours 56 :
je ne comprends pas bien comment Beethoven procède pour tonuler en la bémol majeur dans le 2ème commentaire de son premier thème et cela m'avait déjà posé problème lors de l'analyse de la pièce. Dans l'image ci-dessous, la première mesure est en do mineur, on est donc sur le 1er degré, la mesure suivante est sur IV7c de la bémol majeur. On ne passe donc pas par un degré V ou VII pour entrer dans la nouvelle tonalité. Je ne crois pas avoir déjà vu dans les cours de tonulation de ce type.
D'autres questions d'analyse, ou plutôt de terminologie d'analyse, suite à la lecture de la vidéo suivante :
https://www.youtube.com/watch?v=HmMwEjL_9K8
Comme le montre les images ci-dessous, il est question de "fixation", "codetta", "retransition" et "conduit", autant de concepts qui n'apparaissent pas dans notre cours. Y a t-il une correspondance qu'il serait bon de connaître entre ce vocabulaire et celui employé à Polyphonies (pour nous permettre par exemple de faire le lien entre ce que nous apprenons et certaines publications) ou n'est-il pas nécessaire de nous encombrer l'esprit avec ces termes ?
Merci d'avance pour vos lumières.
Pascal
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En effet, on entre en lab majeur avec un accord IV7. Nous avions déjà vu des tonalutions avec l'enchaînement IV-V dans le choral de Bach et ses partitas. Mais Beethoven n'hésite pas à innover lorsque cela lui semble nécessaire dans l'élaboration de sa pièce.
Concernant les différentes terminologies employées en analyse, je vous conseille en effet de ne pas vous encombrer avec d'autres méthodes car vous ne vous y retrouverez plus. Quand vous aurez atteint le Master, vous pourrez y revenir et faire le tri vous même
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Bonjour Jean-Luc,
Un peu de travail de révision m'amène à reprendre cette discussion relative au cours 56, plus précisément la tonulation en La bémol M par IV7c (cf. première image du message #1). Cela n'est pas encore tout à fait clair pour moi.
En effet, dans votre réponse (message #2), vous citez l'exemple du choral de Bach et de ses partitas (cf. cours 51) où l'on trouve en effet un passage où l'on entre dans une nouvelle tonalité par un enchaînement IV-V. C'est ce qui apparaît sur la reproduction du cours ci-dessous.
Toutefois la similitude avec le cas de la sonate de Beethoven n'est que partielle de mon point de vue car, dans le cas de la partita de Bach, nous sommes en présence d'une modulation (fa m, la bémol M, fa m), alors que dans le cas de la sonate de Beethoven il s'agit d'une tonulation (do m, la bémol M).
D'ailleurs, dans l'analyse personnelle que j'avais faite de la partita, je n'avais pas mis en évidence la modulation et j'avais analysé la globalité du passage en fa m avec un enchaînement VIIa-Ia là où vous situez le passage en la bémol M sur Va : l’ambiguïté réside dans la présence du mouvement mélodique descendant fa mi bémol ré bémol do qui cadre bien avec la règle du 6/7.
Tout cela pour dire que dans mon esprit, la modulation sur le degré IV dans la partita n'a pas le même "poids" que la tonulation sur le degré IV dans la sonate : c'est une transition moins "abrupte".
Beethoven fait-il en l’occurrence ici une véritable innovation en terme de langage musical ?
Merci de vos éclaircissements.
Pascal
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On ne peut pas parler d'innovation. Je n'ai pas d'exemple en tête mais cette tonulation avec l’enchaînement IV-V (et non uniquement IV) n'est pas exceptionnelle. Ce n'était pas un procédé courant mais il pouvait être employé avant Beethoven.
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Merci bien Jean-Luc pour votre réponse mais permettez moi d'insister sur un point : l'effet amené par cet enchaînement IV-V n'est il pas plus "fort" dans le cas de la tonulation (exemple de la sonate de Beethoven) que dans celui de la modulation (exemple de la partita de Bach) ?
Puisque fa mineur descendant (cf. règle du 6/7) n'est autre (je mets volontairement des guillemets) "que la bémol M commençant sur la note fa plutôt que sur la note la bémol". Dit autrement toutes les notes sont identiques mais le "centre de gravité" que constitue le degré I n'est pas le même.
En ce sens dans la sonate on part de do mineur pour aller vers la bémol M qui est plus éloigné.
Le raffinement de l'écriture de Beethoven dans ce passage est d'ailleurs tel que l'enchaînement n'est pas simplement IV-V mais IV-II-V puis enfin I.
Pour terminer par une anecdote, tirée des célèbres livres de Bruno Monsaingeon sur le pianiste canadien Glenn Gould, ce dernier disait apprécier particulièrement les premières sonates de Beethoven (celle du cours 56 est chronologiquement la première d'entre elles) car elles pouvaient selon lui être très aisément transcrites pour quatuor à cordes. Cela était une qualité à ses yeux (et oreilles) de grand admirateur de l'écriture polyphonique (Bach, mais avant lui Swellinck ou encore par exemple Gibbons dont il avait enregistré des oeuvres).
Or le passage ci-dessus illustre à merveille ces propos.
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Vous avez raison quant à l'effet expressif beaucoup plus fort dans cette tonulation/modulation que dans la modulation de la partita de Bach. On peut aussi mettre en avant le rôle de la mélodie dans cette arrivée en labM. L'accord au posé ne nous fait percevoir dans un premier temps, que l'accord IVa de do mineur fa-lab-do. Au posé, on ne perçoit pas donc encore LabM. L'arrivée du premier réb nous désoriente un peu. Il faut la répétition des réb suivant pour percevoir l'accord réb fa lab do. Mais en fait, on ne perçoit pas encore exactement le ton dans quel nous sommes. Il faut en effet la cadence parfaite, deux mesures plus loin, pour nous assurer du ton de labM. Vous avez en ce sens raison d'insister sur le caractère novateur de cette tonulation qui dure tout le temps de l'enchaînement IV-II-V-I
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