#1 11-09-2019 14:59:05

olicha
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musique de scène

Bonjour,
Voici ma première composition dont je peux dire, au moins pour le premier mouvement, que je dois au cours de composition d'avoir pu la mener au bout (sur les compositions précédentes je n'avais évoqué que les cours de mélodie et de schème).
https://soundcloud.com/user-796480434/k … on-concert

La commande initiale était simple: accompagner un changement de costume "face public" qui durait, d'après la captation d'une des premières répétitions, de l'ordre d'une minute et demi. Trouver une idée mélodique qui soit un sous-texte de l'image (ici, l'idée qui germe _prélude_ de se faire passer pour quelqu'un du moyen-orient, puis la construction du personnage), ça j'avais déjà fait. Mais je m'étais toujours limité à un thème et des variations. Là, ça risquait de vite devenir lassant avec ma mélodie simili-orientale. Et pour la première fois, j'ai trouvé un thème B qui respecte l'esprit du thème A tout en en étant différent. Et après l'avoir varié, je pouvais reprendre mon thème A en ré-exposition sans trop donner l'impression de tourner en rond. Une petite coda et j'avais mon premier morceau un peu construit.

La commande demandait ensuite deux ponctuations comiques pour conclure des moments de comédie. C'est un peu du "mickeymousing", mais ça fonctionne bien. Comme on n'a pas forcément le temps de l'entendre, je signale que dans les deux cas il y a une amorce de mélodie avec seconde augmentée qui respecte l'esprit global des pièces, avant le dérapage mélodique.

Il y avait enfin un changement de décor à meubler. En relation avec l'action, j'ai cherché un thème plus machiavélique. Il n'y a sans doute que moi qui entends le lien, mais j'ai pensé au thème mélodique de Psychose pour écrire les deux premières mesures.

Voilà! La commande du printemps s'arrêtait là. Comme je ne peux pas avoir des pièces trop différentes en tête en même temps, j'ai interrompu mes envois à Jean-Luc pendant un mois. C'est en gros le temps qu'il m'a fallu pour revenir sur mes pièces et les corriger avec un peu de recul. J'ai aussi fait une maquette en MAO qui m'a convaincu des limites de l'exercice et m'a mis en face d'une obligation que je n'avais pas envisagée: il allait falloir trouver de vrais musiciens pour jouer cette pièce et je n'en connaissais aucun pour les instruments impliqués, encore moins du niveau nécessaire. Heureusement que c'était un duo et pas une symphonie (quoique l'ordinateur soit meilleur pour les masses orchestrales que pour un solo).

J'ai fini par me souvenir qu'une camarade de l'harmonie où je joue avait une fille bassoniste. Je lui ai demandé les coordonnées du professeur à qui j'ai écrit;  lequel m'a redirigé vers une autre personne. Par chance cette dernière a accepté et connaissait quelqu'un pour le cor anglais. Tout ça m'avait pris du temps et nous étions déjà début juillet. Nous avons remis l'enregistrement à fin août.

Pendant ce délai, comme la pièce (de théâtre) a bénéficié d'une lecture ("mise en espace" exactement: les comédiens jouent sans le décor ni les costumes, l'auteur lit les didascalies) au festival d'Avignon, je me suis aperçu qu'il y avait beaucoup plus de "blancs" (de noirs pour changement de décor, en fait)  que le nombre de pièces commandées. Je ne me voyais pas pondre une autre pièce moyen-orientalisante. C'est comme ça que j'ai pensé, entre autres, à faire enregistrer une version rapide du premier mouvement qui est devenu le final de cet ensemble. Je me suis souvenu de ce qu'avait expliqué Jean-Luc sur les nombreuses reprises qu'on trouve dans les pièces de Bach et Haydn que nous avons étudiées. Bien que les moyens de diffusion aient beaucoup évolué, je ne suis pas sûr que mes auditeurs aient beaucoup l'occasion d'entendre mes mélodies, donc terminer en repassant le premier mouvement n'est pas un mauvaise idée ;-)

Je vous passe la galère de trouver une salle pour enregistrer fin août. J'ai d'ailleurs découvert à cette occasion que ce qu'on appelle un studio d'enregistrement comprend forcément le matériel et l'ingénieur du son. Ce que je cherchais est en fait une salle de répétition, malheureusement pour moi louée au mois ou au trimestre à des groupes.
J'ai eu la chance de trouver ce qu'il fallait à ma MJC (après avoir eu tous les répondeurs de la région  parisienne) et la séance d'enregistrement a duré une heure et demi. Et j'ai surtout eu la chance de tomber sur de vraies professionnelles (qui ne se déplacent pas pour rien non plus). Bien qu'aucune prise n'ait été parfaite, j'en suis sorti avec au moins une version correcte de chaque passage. Quand il s'est agi de faire de la chirurgie audio sur les prises, j'ai été agréablement surpris par la constance du tempo et du diapason des mes interprètes d'une prise à l’autre, ce qui m'a grandement facilité le travail.

Viennent de se terminer hier les 9 jours de résidence des comédiens qui ont filé chaque jour l'intégralité de la pièce. Comme prévu j'ai passé quelques soirées à créer de la musique à partir de ce que j'avais pour combler des changements de décor (extraction chirurgicale de mon thème B, par exemple).  Le plus dur a été de rallonger les morceaux existants. Je tiens à citer la réflexion d'un comédien, sans doute habitué à d'autres types de musique: "C'est facile! Tu n'as qu'à rajouter une boucle!" Il n'avait toutefois pas tort, même si moi j'appelle ça une reprise: mes musiciennes avaient trouvé un endroit où reprendre la fin de mon premier mouvement, dont l'enchaînement est apparemment une performance physique; j'ai pu coller cette prise après la fin officielle du mouvement.

Demain filage technique au théâtre, "créa lumière". Je n'y serai pas mais j'espère que le régisseur va comprendre et mémoriser où se placent tous les enregistrements que j'ai préparés (y compris quelques bruitages). Dimanche première: j'appréhende de découvrir ma musique sur une chaîne sonore que je n'ai pas testée.

Désolé pour ce post trop long. Ces 3'47" de musique ont occupé mon esprit plusieurs mois. Prenez ce texte comme une thérapie pour arriver à me reconcentrer sur mon cursus de composition avec Jean-Luc, à qui je dois d'avoir réussi à écrire cette partition.

Dernière modification par olicha (11-09-2019 15:07:15)

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#2 11-09-2019 19:40:44

Didier
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Re: musique de scène

Bonjour Olivier,

Du bien beau travail, félicitations ! C'est chouette de réaliser sa propre musique avec de vrais musiciens, mais quel bouleau !
Une entreprise qui en vaut la peine, d'autant que le résultat est là et bien construit.

Personnellement, j'y verrai bien à certains moments un rythme marqué par une percussion, comme un simple tambourin ... mais ce n'est que mon avis.

Merci pour ce partage et cette explication qui n'est pas si longue finalement, pour s’imprégner des circonstances et du vécu.


Didier
Cycle court PRO - Terminé
Niveau III - C51 - Choral varié BWV 766

Chant populaire et chant classique? C'est simple: tout ce qui est beau pour l'un est moche pour l'autre! Mais c'est ça qui est intéressant .... ( Marthe Vassallo )

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#3 12-09-2019 13:17:06

manu65
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Re: musique de scène

Bonjour Olivier,

On ressent et on retrouve bien l'univers musical d'une pièce de théâtre. Cette composition musicale saura sans aucun doute se fondre parfaitement à l'ambiance recherchée, se mettre au services des comédiens et sublimer leur jeu.  Vous avez dû bien vous prendre la tête pour vous mettre au service le plus proche possible de la narration et de l'ambiance d'une pièce de théâtre, mais le résultat est là, ça colle très bien à l'univers voulu (en entendant les premières secondes, je me croyais déjà au théâtre, il ne manquait plus que le bruit de la foule et les réactions sonores des spectateurs. Une seule petite remarque, même si c'est des vrais musiciens qui jouent, un peu de travail sur le mixage aurait pu apporter un petit plus, éventuellement.  Bien musicalement, Emmanuel

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#4 12-09-2019 17:08:14

manu65
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Re: musique de scène

Re,

J'ai écouté de nouveau car c'est trés intéressant comme projet (une musique de scène !) et je rejoins aussi parfaitement Didier au niveau de l'arrangement, l'ajout de "soft drums" des percussions légères ethniques (tablas, doum, tak par ex) ou encore mieux les 3 coups du théatre que l'on entend au début des représentations (un peu mixés et adoucis avec une légère reverb pour faire un kick évocateur du théatre) aurait pu donner un peu plus de dynamisme et d'allant à cette compo remarquable par ailleurs.
Bien musicalement, Emmanuel

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#5 13-09-2019 09:11:57

olicha
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Re: musique de scène

Merci de vos retours.
Effectivement, si des musiciens devaient reprendre cette partition dans sa version "concert", ça ne me gênerait pas qu'ils y ajoutent une rythmique "ethnique". Mais dans le cadre de la musique de scène, ça n'aurait pas collé aux contraintes que je m'étais fixées: le cor anglais, dont le basson complète la couleur dans le grave, essaie d'imiter un instrument du moyen orient mais n'arrive pas à masquer sa culture occidentale. Si j'avais rajouté une darbouka (par exemple), elle n'aurait pas pu faire semblant d'être de là-bas: elle est vraiment de là-bas.
Quant au mixage, si j'ai appris une chose en me confrontant à la MAO, c'est que ingénieur du son est un métier à part entière qui nécessite une éducation de l'oreille que je n'ai pas encore. Je suppose que ça provient de mon habitude de la musique acoustique "live". Dans un concert symphonique, le chef mixe en direct et finalement, seuls les auditeurs situés immédiatement derrière lui entendent à peu près l'équilibre qu'il a voulu créer. Etre assis au fond à droite (toujours par exemple) ne m'a jamais empêché d'apprécier une symphonie (pas plus qu'être 5m au-dessus des trompettes, comme ça peut être le cas dans l'auditorium circulaire de Radio France). Dans un autre style, quand j'allais dans un caveau de jazz exiguë, me trouver à côté de la contrebasse ne m'empêchait pas plus d'apprécier le set.
Plutôt que me risquer à une bidouille audio que je ne maîtrise pas, j'ai préféré faire une prise directe avec un enregistreur numérique de qualité disposant de deux micros intégrés (donc pas de mixage possible, sinon dans le positionnement de l'appareil relativement aux musiciens), pour restituer a minima la sensation d'une écoute en concert. J'ai eu la chance, parmi les salles disponibles, d'en trouver une sans réverbération prononcée, mais pas trop sèche non plus. Un détail qui ne m'avait évidemment pas choqué à l'audition en directe mais qui m'a surpris lors de l'écoute en différé: le bruit des clefs (qui prouve si besoin était qu'il s'agit de vrais musiciens). Un début de rythmique additionnelle?

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