Forum des élèves de Polyphonies, école à distance d'écriture musicale et de composition.
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Bonjour,
dans le cours vous indiquez au sujet de l'accord II minoré dit de "sixte napolitaine" qu'il s'enchaîne très souvent à l'accord V et parfois à l'accord I. On peut donc en déduire que l'enchaînement II minoré - I n'est pas une fausse cadence ?
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Exactement ce n'est pas une fausse cadence. Cela dit, l' emploi de l'enchaînement II minoré-I est très rare. Je ne me souviens pas l'avoir déjà rencontré. Ce n'est pas le cas II minoré-V qui est l'emploi le plus courant de la sixte napolitaine. On trouve parfois aussi II minoré-II-V
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Merci pour ces précisions.
Dorénavant je guetterai l'enchaînement II minoré - I dans les œuvres que je joue pour essayer d'en dénicher un !
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Bonjour,
Je profite de cette discussion pour une autre question :
Ceci est un extrait ( disponible ;-)) de la sonate en Fa M de Mozart.
Ne pourrions-nous pas considérer le degré VII de la 3ème mesure comme un second
degré minoré, donc sixte napolitaine, et accord cadentiel de La Majeur...?
...où du moins n'est-ce pas ici l"effet" recherché ?
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Je réponds d'abord à Jean30: si vous trouvez un exemple de cet enchaînement, n'hésitez pas à nous le présenter
J'ajouterai que je n'ai rencontré que des sixtes napolitaines qu'en mineur.
A Did:
sol# si ré ne peut être un second degré minoré. C'est toujours une triade majeure (mib sol sib en ré mineur) et la fondamentale sol# ne pourrait être que le second degré minoré de sol mineur à condition que cela soit un lab (l'accord serait lab do mib)
Dans l'exemple c'est une tonulation très classique pour le coup VIIa de la mineur vers I de la Majeur qui est en même temps V de ré mineur. On raccourcit en VII la m> V ré mineur
un petit mot encore sur la sixte napolitaine.
C'est probablement pour éviter la 5- (diabolus) qu'elle a été inventée. En mineur, le second degré comporte une 5- (en ré mineur: mi sol sib). En minorant la fondamentale de l'accord, l'intervalle devient juste. Cela n'est vrai qu'en mineur. C'est probablement aussi que la sixte napolitaine n'a de sens qu'en mineur.
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Mon erreur était de considérer le sib comme fondamentale. Mais quelque chose m'échappe : si l'accord est sol#-sib-ré, le sib serait alors dans cette triade un chromatisme (une tierce mineure diminuée) ?
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Oui, c'est bien accord chromatique. Je possède quelques traités d'harmonies américains qui le dénomme accord de sixte augmentée (augmented sixth chord). Ici l'arrivée sur la dominante "la" (en ré mineur) est intensifiée par deux sensibles : l'une inférieure (sol#) et l'autre supérieure (si bémol). Ces deux sensibles superposées forment un intervalle de sixte augmentée (sol#-si bémol). C'est un accord très fréquent en musique classique, je crois qu'il est plus rare chez Bach et ses contemporains.
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Merci cg2000 pour ces précisions.
Cet emploi d'une "double sensible" dont vous parlez me semble correspondre à quelque-chose que j'ai lu il y a quelques années dans le traité d' harmonie de Schoenberg : On aurait ici, si je me souvient bien de ce que dit Schoenberg, une "transformation du 2nd degré" dans la cadence : en ré mineur, le second degré est mi-sol-sib. La transformation consiste alors à ajouter une 7ème (ré) , omettre la fondamentale (mi), augmenter la tierce (sol qui devient sol#, sensible de "la" comme vous l'avez précisé ), ce qui donne : sol#-sib-ré. (auquel peut-être aussi ajoutée une 7ème mineure, ce qui donne alors : sol#-sib-ré-fa). Et de mémoire, cet accord serait souvent suivi du premier degré en second renversement, puis dominante en F, et enfin 1er degré...Bon, tout ceci demandand évidemment confirmation (ou infirmation...)
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Je n'étais pas bien réveillé hier matin car je n'avais tenu compte de l'armature:)
Effectivement, dans cet accord VIIa si est chromatisé. Nous aurions pu également analyser cet accord comme IV de ré mineur avec sol comme note chromatique. Il s'agit en effet d'une double sensibilisation de la dominante.
Ce que décrit Schoenberg correspond aussi à cela avec une réserve toutefois, l'accord II7 sans fondamentale est aussi un accord IV
C'est un enchaînement classique très fréquent à partir de Haydn. On en trouve d'autres exemples dans les sonates de Mozart et de Beethoven. Dans cette même sonate de Mozart, à la fin du 3ème commentaire de l'exposition , il est analysé comme un accord IV dont la fondamentale est chromatisée vers la dominante.
Dans la sonate en fa mineur de Beethoven, à la fin du 1er commentaire du développement, on trouve ce même accord avec une 7ème fois. Dans ce cas, il s'agit d'un accord VII7a de fam dont la tierce sol est chromatisée vers la dominante fa de sib m (comme l'exemple de Mozart ci-dessus). Les deux sensibles de la dominante sont dans cet accord : solb et mi bécarre. On retrouve le même enchaînement, toujours dans cette même sonate de Beethoven huit mesures plus loin fa#-lab-do (IV de do mineur >sol-si-ré (V de do mineur). fa# et lab sensibilisent sol. A noter que Beethoven complexifie l'accord avec une double appogiature. Il y a d'autres exemples dans ces sonates il me semble car cet enchaînement est couramment employé.
Le procédé le plus simple pour retenir cet enchaînement est de le considérer comme une succession IV-V avec une chromatisation de la fondamentale de IV
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Il est vrai que lorsque l'on commence à modifier des degrés par chromatismes, l'analyse devient moins évidente...je me demande comment cela se passe sur la musique dite "contemporaine" !
Merci Jean-Luc pour toutes ces précisions.
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"Je n'étais pas bien réveillé hier matin car je n'avais tenu compte de l'armature:)"
...faute à moitié pardonnée, puisque ce chromatisme est mentionné dans le cours ;-)
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Jean-Luc a écrit:
On trouve parfois aussi II minoré-II-V
Je viens d'en entendre une dans ce morceau, autant en faire profiter les oreilles de tout le monde. Sur la fin du thème, on est en la mineur, on a Bb(bII) 2 mesures, Bmb5 (IImb5) 1 mesure, E7 (V7) 1 mesure et retour à Am (Im).
http://www.youtube.com/watch?v=r3736m7WvCM
Bon, ce n'est pas du classique mais on entend parfaitement l'effet .
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bien vu (ou entendu!) d'autant que l' harmonie n'apparait que de manière "monophonique".
Comme quoi, du classique au jazz...
Il serait intéressant de savoir si un tel enchaînement (II minoré, II ) existe en classique
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Et bien c'est ce que disait Jean-Luc plus haut, c'est son post que je cite. Maintenant, peut-être a-t-il un morceau de référence à nous indiquer ?
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C'est une excellente illustration de cet enchaînement. De mémoire, je n'ai pas d'exemple en musique classique à donner. Mais je peux vous citer la musique du thème du film Le Parrain de Nino Rota, que je viens d'analyser pour les sessions d'arrangements. C'est un scoop .
L'exemple est en do mineur et il se trouve dans la coda du développement juste avant la réexposition du thème (facilement reconnaissable). Dans cet exemple, on entre en do mineur avec la sixte napolitaine : Réb - rém7b5-Sol- reprise du thème avec I de do mineur.
Je vous laisse trouver l'audio sur You Yube
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