#1 09-02-2014 11:11:12

olicha
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[C42] analyse: le contre-schème a bon dos

Bonjour,
Lorsque j'avais travaillé les différentes imitations d'un couple schème/contre-schème (semblable, contraire, rétrograde, extension/réduction, etc), les deux subissaient le même traitement.

En lisant le menuet de Bach (je ne mets pas d'image car je suppose que tous ceux qui liront cette discussion auront déjà la partition sous le nez), j'observe sous le schème initial deux noires en mouvement ascendant; puis, au-dessus de son imitation semblable, deux noires conjointes en mouvement descendant (alors que je m'attendais à ce qu'elles montent s'il s'agissait d'un contre-schème); ensuite vient une imitation contraire-rétrograde du schème avec en-dessous deux noires disjointes en mouvement descendant (alors qu'un contre-schème contraire rétrograde aurait été conjoint ascendant). Pire, alors que la dernière imitation du schème se répète à la quarte inférieure, les deux noires en-dessous font enfin un mouvement conjoint ascendant qui imite la première mesure mais n'ont rien à voir avec la mesure précédente.

J'ai donc noté, dans mon analyse, "pas de contre-schème identifiable".

Et en écoutant le cours, je découvre que ces deux noires forment un contre-schème qui se permet de vivre ses propres imitations indépendamment de son schème attitré. Avec le principe de l'imitation en extension/réduction, n'importe quelles deux noires tapées sur les deuxième et troisième temps constituent alors des imitations du contre-schème.
A ce régime, je peux écrire un accompagnement de valse sur tout le menuet en qualifiant mes contres pompes d'imitation du contre-schème initial (plutôt en réduction).

Je caricature (au risque de paraître rétrograde moi-même ;-)), mais je trouve que la notion de contre-schème devient un peu trop lâche ici et je me serais contenté de voir une ligne mélodique en contrepoint à la noire sans chercher à tout prix à la justifier.
Ne cherche-t-on pas à faire dire à ce menuet plus que Bach lui-même ne voulait lui faire dire?

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#2 10-02-2014 08:49:14

Jean-Luc
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Re: [C42] analyse: le contre-schème a bon dos

Si  notre identification des contre-schèmes du menuet n'avait que pour seul objectif l'analyse, elle n'aurait pas beaucoup d'intérêt. Ici, c'est en tant que technique de composition qu'elle nous intéresse. En écrivant ainsi vos lignes de basse en procédant ainsi, mais aussi parfois même la voix supérieure, vous êtes assuré de donner une réelle unité à vos mélodies et à votre pièce. Si vous écrivez simplement "une ligne mélodique en contrepoint à la noire ", vous risquez d'élaborer des mélodies sans réelle cohérence en plaçant par exemple n'importe quelle valeur n'importe où, puisque aucune structure ne cadre vos mélodies. Ce principe du contre-schème pour l'écriture de la mélodie est donc un outil important en composition que l'on retrouvera dans toutes les pièces de Bach que nous travaillerons. C'est composer en structurant les lignes. Analyser ou non ainsi les lignes n'est  pas très important en soi,  par contre les réaliser ainsi, cela l'est réellement d'un point de vue pédagogique et aussi d'un point de vue de la pensée musicale. Personnellement,  les nombreuses analyses des pièces de  Bach que j'ai pu faire me laissent penser que celui-ci devrait probablement penser ainsi l'écriture.

Cela dit, cette liberté que l'on prend avec le contre-schème ne  signifie pas que l'on abandonne l'association étroite schème/contre-schème comme nous le verrons dans les cours suivants.


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