Forum des élèves de Polyphonies, école à distance d'écriture musicale et de composition.
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Bonjour,
Dans mon harmonisation de ce choral en Bm, j'ai dû introduire au temps 3 une modulation en D afin de "gérer" le la bécarre au soprano.
En regardant la version de ce choral par JSB, je constate qu'il semble rester en Bm (sauf si on analyse VIIb de D sur le tps 2 puis I7a mais ça me paraît un peu alambiqué...).
Mon analyse en Bm est-elle juste et si oui comment s'explique cette sensible isolée et minorée qui provoque une ambiguïté quant à la tonalité ?
Je profite de cette question, Jean-luc, pour vous proposer 2 exemples de chorals où la mélodie est modifiée par JSB
les mesures finales de Von Gott will ich nicht lassen :
et plus de variations de ce thème d'ailleurs ici : http://www.bach-cantatas.com/CM/Von-Got … lassen.htm
le début de Herzlich lieb hab ich dich, o Herr
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C'est une bonne idée de consulter la réalisation de ce même choral par Bach. Votre analyse est juste en effet : nous sommes bien en si mineur modal. Ici, aurait pu passer en ré majeur ou en sol majeur mais il a préféré rester en si mineur, mais passer en si mineur modal. C'est un choix purement musical que de rester dans ce mode moins expressif ou moins tendu que le mode mineur harmonique. Il a certainement voulu donner un caractère un peu ancien en employant ce mode. Mais on ne peut parler d’ambiguïté car la cadence en si mineur est bien claire.
Merci pour cette recherche intéressante sur les modifications des mélodies de choral par Jean-Sébastien Bach.
Tout d'abord, pourquoi éviter de modifier ces mélodies ? Le choral est une pièce musicale liturgique dont la mélodie, qui n'est pas de Bach, est connue de tous ceux qui assistent à l'office religieux. La modification de la mélodie du choral perturbera l'assistance qui chante en même temps la mélodie du soprane. Ici en effet, Bach prend le risque de la modifier mais avec tout l'art de la variation qu'il possède il peut le faire de manière à ce que cela ne « perturbe pas trop » le chant collectif. Il s'agit ici en effet principalement de modifications métriques. Ce n'aurait pas été le cas si dans votre premier exemple il avait placé un # devant la pour passer en si mineur.
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Merci pour ces explications.
Jean-Luc a écrit:
Il a certainement voulu donner un caractère un peu ancien en employant ce mode. Mais on ne peut parler d’ambiguïté car la cadence en si mineur est bien claire.
Je ne comprends pas bien : l'absence de sensible ne rend-elle pas justement moins "claire" la cadence ? Selon vous, en absence de sensible, le mvt mélodique à la basse (V==>I) est suffisant pour exprimer la tonalité ?
Je trouve un peu curieux cette question de mode : cette séquence harmonique pouvant être entièrement analysée en D majeur, pourquoi sommes-nous en B mineur ? Parce que l'usage veut que l'on commence par l'accord de tonique et que celui-ci conditionne pour ainsi dire la suite ?
Jean-Luc a écrit:
Il s'agit ici en effet principalement de modifications métriques. Ce n'aurait pas été le cas si dans votre premier exemple il avait placé un # devant la pour passer en si mineur.
Je me doutais de votre réponse .Le fait est que j'ai bien cherché dans mon recueil de chorals une modification par altération des "clous" de la mélodie... et que je n'en ai pas trouvé !
Une dernière question : vous me faites passer au cours 51 ds votre dernière correction. Est-ce une erreur de votre part ? Les exercices du cours 50 indiquent en effet l'écriture d'un second choral. Vu que j'ai commencé celui-ci, j'aimerais bien le finir et avoir sa correction...
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1- Le mineur modal est un vrai mode. Écoutez par exemple les musiques traditionnelles ou les musiques actuelles. Pour Bach, c'est un mode un peu ancien mais reste néanmoins un vrai mode. L'absence de sensible n'affecte rend moins claire la cadence en mineur harmonique mais pas en mineur modal. Comme vous le dites si bien l'analyse du choral en ré majeur serait un peu alambiquée. En effet, le premier accord est un accord de tonique, c'est une généralité. Bach commence parfois le choral par un accord de dominante mais c'est alors dans le cadre d'une pièce plus conséquente comme la cantate. Cet accord sert de transition. Ici, il n'y a aucun élément satisfaisant permettant de conclure à ré majeur alors qu'il y a une belle cadence modale.
2- Il n'y a qu'un seul choral à écrire. Cette coquille n'a pas été mise à jour. C'est pour cela que je vous ai fait passer au cours 51 Ce cours 51 51 est très long. Il vous faudra composer trois partita (choral varié)
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1- Merci pour ces précisions. N'est-ce pas pourtant justement le renforcement de l'effet cadentiel dans les modes harmoniques (grâce à V==>I + sensible) qui ont amené leur domination dans la musique classique occidentale ? C'est ce que j'avais crû comprendre...
Il me semblait aussi qu'on devait distinguer de ce point de vue les modes avec sensible (modes de fa et do) et sans (les autres).
Abordera t-on cela + tard ? Ca m'interesse bcp (je joue pas mal de "musique de l'Est", de klezmer... et j'ai grandi au son du biniou ) et ce n'est pas très clair pour moi...
2- Dommage, j'avais quasiment terminé ce second choral... et ce travail d'harmonisation m'amuse bien
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1. Tout à fait. Mais Bach est un compositeur très libre qui ne se laisse jamais enfermer dans le conformisme. Quant à nous, nous reviendrons sur les autres modes que le majeur à la fin du niveau IV avec la musique du XXème siècle et notamment avec Debussy Ravel et Stravinski.
2. Ce travail n'est pas perdu mais il y a tant d’œuvres à travailler devant vous
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