Forum des élèves de Polyphonies, école à distance d'écriture musicale et de composition.
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Il est naturel pour moi, de chanter des intervalles de sixtes en mélodie, pourtant Jean-Luc les considère comme difficiles dans les chansons populaires.
Il est vrai que, habitué à chanter en chorale depuis de nombreuses années, je ne ressens aucune difficulté dans cet intervalle et paradoxalement, l'octave me pose plus de difficultés !
Et pourtant, comment expliquer le succès de chansons populaires comme:
- Le thème du film "Love Story" de Francis Lai,
- Je l'aime à mourir de Francis Cabrel
- La très populaire chanson "Malbrough s'en va en guerre"
Pour n'en citer que quelques unes?
Qu'en pensez-vous, les sixtes seraient-elles plus faciles ou plus difficiles à chanter, suivant les mélodies?
Merci d'avance pour vos impressions sur ce sujet.
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Pour moi il y a plusieurs raisons:
-la sixte est un grand intervalle qui, mal utilisé peut créer une césure dans la mélodie, une cassure qui fait penser à l'introduction d'une nouvelle voix polyphonique.
-Instrumentalement ce n'est pas un intervalle facile, au piano ça fait un grand écart de doigts, à la guitare il faut sauter une corde et jouer la suivante, à la flûte le doigtés changent beaucoup etc...
-C'est un intervalle très expressif, et il y a besoin de savoir maîtriser ses effets pour l'utiliser.
Voilà quelques raisons, mais ne vous inquiétez pas, sitôt en composition on les utilise, enfin on apprend à les utiliser à bon escient.
Une sixte mal amené peut sonner très mal, tandis qu'un mouvement conjoint sonnera la plupart du temps bien (en composition je découvre que des fois non... satané gigue!)
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Bonjour turbo chaussure,
Merci pour vos commentaires intéressants, je comprends bien que les instrumentistes ne sont pas très chauds pour entamer une cascade de sixtes ... mais une ou deux bien placées, non?
turbo chaussure a écrit:
Une sixte mal amené peut sonner très mal, tandis qu'un mouvement conjoint sonnera la plupart du temps bien (en composition je découvre que des fois non... satané gigue!)
Certes, je suis bien d'accord mais réduire une sixte à un intervalle conjoint donne souvent une mélodie sans grand relief, ou alors, je ne sais pas faire, ce qui est possible, car je débute en mélodie.
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Mais bien sur, j'insistais sur la difficulté de cet intervalle, puisque c'était l'objet de votre question.
La sixte est un intervalle très expressif qui peut donner presque à elle seule de l'intérêt à une mélodie.
Pour donner une image: on ne passe pas le permis poids lourd avant celui pour voiture
La sixte c'est le poids lourd. Les 2 ne servent pas à la même chose, on ne va pas faire ses courses en poids lourd!
N'oublions pas que la démarche de l'école est une démarche pédagogie visant aussi à nous faire prendre conscience de l'effort musical provoqué par les intervalles, de leur expressivité. Quand je dis prendre conscience c'est à juste titre, puisque vous même faites le constat que ce n'est pas facile à réaliser surtout lorsqu'on a l'habitude de chanter ces intervalles facilement.
Personnellement les premières musique que j'ai apprécié étaient fort peu polyphoniques et plutôt rempli de dissonances et de maladresse ce qui fait que j'ai un un travail de conscience à faire en écoutant du Bach, à me rendre compte que cette musique n'était pas plate au possible et ennuyeuse.
Donc la sixte: oui, mais avec modération et précautions (et pas avant de passer son Bach )
PS: je précise que maintenant Bach est mon compagnon musical, je n'écoute presque plus que ça, et je n'ai jamais pris autant de plaisir à écouter de la musique.
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J'aime beaucoup Bach également, et Beethoven, Mozart etc (*)... Mais également Philip Glass et Michael Nyman (**) ...
Mais vous avez raison, au sujet des sixtes, je suis trop impatient à vouloir les utiliser ... la pédagogie doit d'abord être assimilée.
Merci pour votre sage regard sur ces aspects et pour votre écoute bienveillante.
Note (*): Je ne les cite pas tous car la liste serait interminable.
Note(**): Et là également.
Dernière modification par Didier (23-01-2014 01:29:36)
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Merci Turbochaussure pour ces interventions judicieuses.
Le langage musical avec lequel nous réalisons nos exercices de mélodie est celui de la chanson populaire, pas celui de l'industrie musicale, mais celui de la chanson populaire de tradition orale. C'est à dire le répertoire de chansons anciennes qui s'est transmis oralement sur plusieurs générations. Cette transmission orale polit les chansons en transformant tout ce qui est difficile à transmettre et notamment les grands intervalles. En effet, ces chansons doivent pouvoir chantées par tous, enfants, adultes non musiciens.... Vous trouverez très peu de sixtes dans les chansons populaires traditionnelles (je n'en connais qu'une ). Pour n'importe quel chanteur amateur ou professionnel, la sixte n'est pas si difficile si on travaille le chant. Mais en l'employant, on sort du contexte.
Pour quelle raison Jean Robert a élaboré sa pédagogie sur la chanson populaire? En écrivant ainsi, nos mélodies nous sommes en train d’assimiler la différence entre ce qui est facile mélodiquement et ce qui ne l'est pas. Vous saurez ainsi doser votre expression lorsque vous composerez. En choisissant une sixte, vous serez capable d'évaluer avec une grande expérience son expressivité. De plus, ce type de mélodie peut être chanté mais aussi joué sans problème par tous les instruments. Avoir cet outil est essentiel en composition
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Merci Jean-Luc pour cet éclairage pédagogique, il est essentiel pour moi de mieux maîtriser toute l'articulation mélodique sur des mélodies simples avant de passer à un stade plus avancé.
Alors que j'ai tendance à vouloir "mettre la charrue avant les bœufs"
C'est donc parfaitement clair et je suis très heureux de suivre cette pédagogie de Jean Robert car j'en apprends énormément sur la mélodie et sa construction, chose que je pensai jusqu'alors simplement comme instinctive.
Je redis donc un grand merci à Jean-Luc pour sa patience pédagogique et ses encouragements.
Sans oublier turbo chaussure pour sa réponse avisée et pleine de bon sens.
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Jean-Luc a écrit:
.... Vous trouverez très peu de sixtes dans les chansons populaires traditionnelles (je n'en connais qu'une ).
Bonjour Jean-Luc,
Elles sont rares en effet!
Cependant, voici trois chansons populaires qui commencent par de grands intervalles:
Malbrough s'en va en guerre (sixte majeure ascendante)
Il était un petit navire (sixte majeure descendante)
Maman les petits bateaux (septième mineure ascendante)
Au delà des chansons populaires, pour ce qui est du triton, qui est probablement l'intervalle le plus difficile à chanter, on pourra se référer au refrain de "Maria" (West side story - L. Bernstein)
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En effet, ces grands intervalles sont très rares dans la chanson populaire. Vous noterez que ce sont toujours des notes pivot en A. Il s'agit de la seule sixte possible entre notes pivot en A, celle qui est présente entre la dominante et la médiante.
En écriture classique, les intervalles difficiles ou les très grands intervalles, sixtes, septièmes voire neuvième ne manquent pas mais ils sont destinés à des interprètes de métier.
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