Forum des élèves de Polyphonies, école à distance d'écriture musicale et de composition.
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Bonjour,
comme prof de français (personne n'est parfait), je lis le cours sur la prosodie avec beaucoup d'intérêt.
Jean-Luc y cite le quatrain suivant de Baudelaire :
"Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n’est pas celui d’un ange
Sorcière aux yeux alléchants"
Il me semble qu'il y a une erreur dans l'affirmation suivante (p. 13) :
"Le « e » de « donnent » est aussi au sein du vers mais le mot suivant commence par une voyelle. Le « e » devient muet. On ne prononcera donc pas la dernière syllabe."
En fait, "donnent" se termine par une consonne qu'il faut prononcer à partir du moment où elle-même se trouve devant une voyelle. Il faut donc prononcer et la consonne "t" et le son "e" qui la précède : "Te donnenT-un air étrange". Cela nous semble totalement anti-naturel, mais c'est comme cela qu'il faut faire en poésie. Sans quoi, le nombre de syllabes dans ce vers n'est pas le même que dans les autres (7 en l'occurrence).
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Merci Guillaume pour cette observation. Nous avons la chance d'avoir un professeur de français qui nous éclaire sur le délicat sujet de la prosodie. Profitons en !
Effectivement, même si cette liaison n'est pas très naturelle et se pratique peu dans le langage courant, c'est bien ainsi que l'on procède en poésie. Il nous faut donc tenir compte de cette liaison dans l'écriture d'une chanson et cela, d'autant plus que les mots sont prononcés rapidement. En effet, lors de la mise en musique d'un texte, la durée d'une syllabe doit également être prise en compte. Ainsi, par exemple, la dernière syllabe se terminant par un "e" muet, le mot "ange" est prononcé comme s'il ne comportait qu'une syllabe. Mis en musique, si la dernière note est une blanche, nous serons obligé de répéter la note plus brièvement, avec une noire par exemple, pour que l'on comprenne bien le mot: an-ge. Mais du coup, par rapport à la poésie, on se retrouve avec une syllabe en plus.
Je reviendrai sur ce cours pour approfondir la problématique des liaisons.
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Merci pour cette réponse, Jean-Luc.
Vous faites d'une pierre deux coups en répondant aussi à la question que je viens de poser là :
http://www.polyphonies.eu/forum/viewtopic.php?id=2742
A bientôt.
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Je viens aussi d'y répondre.
Pour illustrer ce débat, voici un lien d'une chanson de Nana Mouskouri où l'on peut saisir comment la prosodie est adaptée dans la chanson française.
https://www.youtube.com/watch?v=y7A6e4qI088
Vous remarquerez qu'à la fin de la chanson, elle ne prononce pas : "noi-res- (z)et-blan-ches" mais "noires- (z)et-blan-ches. Ecoutez aussi comment sont chantés les mots comportant des e finaux.
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C'est effectivement intéressant de voir comment les chanteurs se débrouillent avec la fin des vers.
Dans le cas de Nana Mouskouri, les e de fins de vers sont prononcés...
... et en écoutant attentivement, on entend même des "e" à la fin de mots comme "toujours", "autour", "obscur"... sans que cela choque vraiment l'oreille !
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