Le blog de Polyphonies, école à distance d’écriture musicale et de composition.

Mouvement de la sensible

"Il me semble que la sensible monte toujours vers la tonique. Or j’ai constaté que dans les parties intérieures des exercices que j’ai réalisés ce n’est pas toujours le cas. Ceci est d’autant plus visible que dans les tonalités mineures, les sensibles sont altérées"... Lire la réponse

Il n’y a en fait aucune obligation à ce que la sensible se dirige vers la tonique. Vous pourrez l’observer à loisir dans la littérature musicale comme le montre l’exemple extrait d’un motet de Bach. Heureusement d’ailleurs, car lorsqu’il faut écrire plusieurs voix, cela serait une contrainte trop restrictive.

Toutefois, la relation privilégiée entre la sensible et la tonique est une composante mélodique essentielle du mode équivalente à celle qui existe entre la dominante et la tonique. Ce sont des mouvements "naturels" au sein du mode qui permettent de l’identifier : la sensible se tend vers la tonique et la dominante tombe (cadere = tomber en latin, d’où le terme cadence) sur cette même tonique. On retrouve d’ailleurs ces deux mouvements mélodiques dans la cadence parfaite. C’est ce qui explique d’ailleurs son caractère conclusif.

C’est la raison pour laquelle la sensible monte le plus souvent vers la tonique.

Cet exemple est tiré du motet de J.S. Bach "Jesu mein Freude" BWV 227. Le motet est une pièce écrite pour les voix. Celui-ci, en mi mineur comporte quatre parties : soprane, alto, ténor et basse (de l’aigu au grave). Sous les 4 voix séparées, il y a la partie de clavier reprenant ces 4 voix.

Dans cet exemple en mi mineur, on peut observer deux fois un mouvement sensible-dominante au lieu de sensible tonique :

Mesures 1-2 au ténor : la sensible ré# ne dirige pas vers la tonique mi mais sur la note si, la dominante. Mesure 4 : même mouvement mélodique à l’alto cette fois.

On notera qu’il s’agit pourtant de cadences parfaites qui concluent à chaque fois une phrase du choral et que la sensible est située aux voix intermédiaires. Lorsqu’elle se trouve aux extrêmes, elle se résout de manière plus naturelle vers sa tonique.

Pour J.S. Bach, l’intérêt de la ligne mélodique est primordial. Dans cet exemple, la succession sensible-dominante lui semblait donc plus judicieuse. Aussi si Bach procède ainsi, vous pouvez bien sûr le faire également :)

    Jean-Luc KUCZYNSKI
    Jean-Luc KUCZYNSKI est compositeur et professeur de composition musicale depuis 1988 aux ACM et depuis 1999 à l’école d’écriture et de composition Polyphonies.
    Vous avez aimé cet article ? Alors partagez-le avec vos amis !
    Twitter Facebook Google Plus Linkedin email