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Piotr Ilitch Tchaïkovski : 6ème Symphonie dite « Pathétique »

L’oeuvre de Tchaïkovski est « une des pierres angulaires de la culture russe » nous dit Chostakovitch. On le présente comme un musicien éclectique, universel, qui a su assimiler les influences occidentales germanique, italienne et française, sans banir la tradition nationale folklorique russe. Compositeur contrasté, il fut novateur tout en restant attaché aux formes traditionnelles, prenant en référence Mozart, tout en restant hostile à la réforme de Wagner. Sensible à l’excès, il a toujours été hanté par le « fatum » que sa 6ème Symphonie, son œuvre ultime, exprimera avec le plus de force. Lire l’article

Chronologie

(Né à Kamsko (Viatka), le 7 mai 1840 - † à St Pétersbourg le 6 novembre 1893)

 Jusqu’en 1859 : Son père, inspecteur des mines, et sa mère, parfaitement indifférents à la musique, ne devinent pas ses dons. En dehors de ses études générales, il apprend cependant le piano, mais il est destiné aux carrières juridiques. C’est un enfant intelligent, fragile et hypersensible. A l’adolescence, les premiers signes de son homosexualité deviennent apparents, et il s’éprend de son compagnon de classe Sergei Kireev.

 En 1859 : Clerc de 1ère classe au ministère de la Justice, il poursuit en dilettante ses études musicales.

 En 1961 : Il commence l’étude de l’harmonie dans la classe de Nikolai Zaremba à Saint-Pétersbourg.

 En 1863 : Tchaïkovski quitte l’administration et embrasse la profession de musicien. Il étudie la composition avec Anton Rubinstein au conservatoire de Saint-Petersbourg. Il commence à donner des leçons de piano en privé.

 En 1866 : Nicolas Rubinstein, frère de son maître, offre à Tchaïkovski le poste de professeur d’harmonie au conservatoire de Moscou et fait connaître ses premières œuvres. À ce titre, Tchaïkovski enseigne l’harmonie par correspondance à Rimski-Korsakov, un des membres du groupe des Cinq. Il se lie aussi avec Saint-Saëns lors d’un voyage du musicien français à Moscou ; plus tard, il lui rendra visite à Paris, où il sera présenté à Massenet.

 En 1868 : La Première symphonie est créée avec succès le 3 février. La même année Tchaïkovski rencontre à Saint-Petersbourg les musiciens du « Groupe des cinq » qui accueillent sa musique favorablement, notamment Balakirev, dont le nationalisme musical exerce une profonde (bien que temporaire) influence sur son inspiration. Mais entre le Groupe des cinq et lui, le fossé se creuse vite.

 Jusqu’en 1975 : Suit une période de grande activité créatrice, au cours de laquelle Tchaïkovski compose les Symphonies n°2 et 3, 4 opéras, l’ouverture de Roméo et Juliette, le Premier Concerto pour piano et de la musique de chambre. De voyage a Paris, il est très impressionné par la "Carmen" de Bizet. Mais, déséquilibré nerveusement, sujet aux insomnies, aux paniques injustifiées et aux crises de dépression, il est déjà l’angoissé qu’il restera toute sa vie. Le suicide d’Eduard Zak, jeune étudiant avec qui il a noué une amitié passionnelle six ans plus tôt, a un effet profond sur Tchaïkovski. Voyage en Italie (Venise, Rome, Naples et Florence). Il rencontre Camille Saint-Saëns, à Moscou.

 En 1976 : Il assiste à la première de la Tétralogie de Wagner à Bayreuth, qui ne le reçoit pas. Il rencontre par contre Franz Liszt, dont il est un fervent admirateur.

 En 1877 : La création du Lac des cygnes le 20 février à Moscou (Bolchoï) est un échec total qui écartera cette œuvre du répertoire pour de nombreuses années. Croyant peut-être se libérer d’une homosexualité soigneusement dissimulée, il se laisse épouser par une de ses anciennes élèves du conservatoire, Antonina Milioukova, très éprise de lui mais qu’il n’aime pas le moins du monde, et qu’il fuit après deux mois d’union morganatique et une tentative de suicide. Elle sera plus tard internée, et finira ses jours dans un asile d’aliénés. Cependant, cette année 1897 apporte au compositeur un ange gardien en la personne de Mme von Meck, chez qui Debussy séjournera entre 1880 et 1882. Elle réussit à devenir la confidente indispensable du musicien, et à lui épargner tout soucis matériel pour lui permettre de se consacrer entièrement à la composition. Leur liaison demeurera épistolaire, car ils conviennent de ne jamais chercher à se rencontrer. Il noue une amitié étroite avec le violoniste Iosif Kotek.

 En 1979 : Eugène Onéguine est créé à Moscou le 9 mars.

 En 1887 : Tchaïkovski entreprend avec succès une tournée de concerts à travers l’Europe, au cours de laquelle il rencontre Brahms, Grieg et Dvorák. Il dirige ses œuvres dans toute l’Europe, malgré un « mal du pays » qui fait de ses tournées un véritable calvaire. Sa renommée grandit considérablement.

 En 1985 : Tchaïkovski est élu à l’un des postes de direction de la section de Moscou de la Société Musicale Russe.

 En 1890 : Mme von Meck met fin à leur liaison sous le prétexte fallacieux qu’elle est ruiné ; et bien que Tchaïkovski proteste de son désintéressement, il n’entendra plus jamais parler d’elle. Le 31 décembre, au théâtre Marinski de Saint-Petersbourg, il présente son opéra La Dame de Pique sur un livret de son frère Modeste Tchaikovski d’après Pouchkine, partition composée en six semaines au cours d’un séjour à Florence.

 En 1891 : La rupture avec Mme Von Meck incite Tchaïkovski a accepter une invitation aux Etats-Unis : au cours de cette tournée triomphale, il participe à l’inauguration du Carnegie Hall. Mais ni la réussite de ce voyage, ni les honneurs officiels qui commencent à pleuvoir sur lui, ni les succès qui couronnent finalement ses œuvres (particulièrement la Dame de Pique) ne parviennent à dissimuler sa profonde mélancolie.

 En 1993 : Il triomphe en Allemagne, en Suisse, en France et en Belgique. On lui décerne le titre de docteur honoris causa à Cambridge, en même temps qu’à Saint-Saëns et à Boito. L’enthousiasme avec lequel Tchaïkovski travaille à sa Sixième Symphonie (son chef-d’oeuvre) le débarrasse quelque temps de son angoisse. Mais le 2 novembre, Tchaïkovski contracte le cholera, pendant l’épidémie qui sévit à St-Petersbourg. Les raisons de cette contamination restent très mystérieuses : la thèse du suicide par absorption volontaire d’eau contaminée, reste la plus retenue par les spécialistes. Tchaïkovski en meurt le 6 novembre, neuf jours après la création de sa Symphonie pathétique. Pour ses funérailles, le deuil national est décrété.

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Maison natale de Tchaïkovski, (Oural)

A propos du compositeur

Romantique ou classique ? Cosmopolite ou Russe ?

Le style de Tchaïkovski est indéfinissable. L’art symphonique traditionnel y alterne avec les formes libres (« modernes ») de musique à programme, l’esprit cosmopolite occidental avec le nationalisme russe, sans esthétique définie. C’est dans l’expression lyrique de son âme inquiète, assujettie à des formes traditionnelles, que se révèle son génie. Sa passion pour Mozart et sa familiarité, depuis l’enfance, avec l’opéra italien l’ont préservé de l’influence de Wagner et de Brahms, dominante chez la plupart de ses contemporains, mais qu’il rejette vigoureusement.

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Henri Troyat, La baronne et le musicien madame von Meck et Tchaïkovski (Ed. Grasset)

Tchaïkovski s’intéresse plus au drame intime qu’aux grandes fresques historiques. Pour ses deux opéras les plus connus, Eugène Onéguine et la Dame de Pique, il s’inspirera des textes de Pouchkine, qui comptent parmi les œuvres essentielles du patrimoine littéraire russe. Le compositeur s’attache à la peinture des caractères psychologiques et porte aussi une grande attention au réalisme, admirant par-dessus tout deux opéras dont il se réclame : "Don Giovanni" de Mozart, qui fut à l’origine de sa vocation musicale, et "Carmen" de Bizet, dont il prédit le succès exceptionnel. En bon anti-wagnérien, il admire également les œuvres de Gounod, Massenet, Saint-Saëns et plus particulièrement celles de Schumann et Liszt.

Pour Tchaïkovski, la symphonie est une « confession de l’âme ». Ses œuvres sont chargées d’angoisses existentielles particulièrement perceptibles dans ses trois dernières symphonies, construites autour du "fatum", du destin inexorable de l’homme. Ses symphonies et ses concertos le font apparaître comme le meilleur symphoniste russe de sa génération.

Un orchestrateur novateur

Utilisant avec brio les instruments à vent et les percussions pour obtenir une tessiture orchestrale dynamique et puissante, Tchaïkovski, orchestrateur né, est le premier à intégrer le célesta à l’orchestre, dans son Casse-Noisette. Son instrumentation ne manque pas d’audace (utilisation de l’accordéon dans sa Suite pour orchestre n°2 ). Très influencé par Berlioz dont il est ami, l’œuvre de ce compositeur l’incite à chercher des sonorités nouvelles et à s’intéresser à la musique à programme, très développée au XIXème.

Est appelée ainsi toute musique subordonnée à des éléments extra-musicaux (il s’agit le plus souvent d’un texte : un poème, une action, une légende, etc. ) que la musique est chargée de décrire, amplifier, prolonger, commenter, etc. Quelques exemples : la Danse macabre de Camille Saint-Saën, poème symphonique de son ami français, ou Une nuit sur le Mont Chauve de son compatriote Moussorgsky. La Symphonie fantastique de Berlioz peut être également analysée comme musique à programme ; bien que la forme symphonique, appartienne par définition à la « musique pure ». Mais le déroulement de l’œuvre de Berlioz suit complètement le déroulement de la narration et se structure sur le texte. Nous verrons plus bas comment Tchaïkovski lie également sa 6ème symphonie à ce genre, bien que nul texte ne lui soit rattaché.

Le maître du ballet symphonique

Tchaïkovski donne un essor extraordinaire à ce genre, en y ajoutant une dimension symphonique, avec le Lac des cygnes, la Belle au bois dormant et Casse-Noisette.

Il faut comprendre que composer une musique de ballet est contraignant, car tout est réglé à l’avance par le chorégraphe (tempo, rythme, nombre de mesures, caractère de la musique etc...) que le compositeur se doit de respecter. De plus, ce genre populaire est généralement celui de compositeurs de second ordre, car la musique est fortement assujettie. Pourtant, quand le théâtre du Bolchoï lui passe commande du Lac des Cygnes en 1877, Tchaïkovski accepte, voulant parvenir à écrire une musique de ballet de qualité. Mais c’est un coup d’essai : l’accueil n’est pas bon. La musique est jugée indansable et la chorégraphie médiocre.

En 1888, c’est le théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg qui lui commande un nouveau ballet : La Belle au Bois Dormant avec le brillant chorégraphe, Marius Petipa. Cette fois, c’est un plein succès : Tchaïkovski parvient à adapter sa musique aux exigences chorégraphiques sans sacrifier son expression musicale personnelle. Ses dons pour l’orchestration et pour la musique à programme s’y épanouissent complètement. La collaboration avec Petipa donnera encore Casse-noisette en 1892, avec le même bonheur.

Les trois ballets de Tchaïkovski marquent la fin de la dictature du chorégraphe sur le compositeur, et sont conçus comme des œuvres musicales à part entière. Régulièrement au programme des grandes compagnies de danse, ces ballets permettent parfaitement la mise en valeur des prouesses des danseurs classiques. Tchaïkovski a ouvert une voie dans laquelle le suivront tous les grands compositeurs russes du XXe siècle : Stravinski (Symphonie de Psaumes) ; Prokofiev (Roméo et Juliette) ; Chostakovitch...

L’école russe. Le groupe des Cinq

A l’origine furent les chants slaves, mélant leur significations religieuses à l’héritage mélodique tatare. Au XIIe siècle, un moine orthodoxe décide d’interdire la musique : seul le chant d’église a droit de cité. La musique russe restera ainsi longtemps proche de l’art vocal et du chant populaire. Au XIXème, l’éveil des sentiments nationalistes au lendemain de la campagne napoléonienne a favorisé le remarquable essor de la littérature russe (Pouchkine, Lermontov, Tourgueniev). La vie musicale russe s’appuie sur ces oeuvres, après avoir été longtemps sous l’influence des compositeurs et des styles occidentaux. Elle affirme enfin sa spécificité, par la formation d’une école, dont le « Groupe des Cinq » favorise le renouveau. Il s’impose sur la scène musicale russe dès 1860.

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Nicolas Rimski-Korsakov

Sous la direction de Balakirev, ce petit groupe de compositeurs russes autodidactes (Rimski-Korsakov, Borodine, Moussorgski et Cui ) prône une musique spécifiquement nationale basée avant tout sur les traditions populaires russes et détachée des conventions occidentales. Les tendances du groupe sont déterminées par Stassov (critique musical) en trois points essentiels : la musique russe doit être archéologique, folklorique et réaliste. Un manifeste fut élaboré en collaboration avec Balakirev. Cui s’occupa de la rédaction. Son but est d’atteindre la vérité d’expression en refusant l’enseignement traditionnel des conservatoires et des écoles de musique.

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Modeste Moussorgski

 "La nouvelle école souhaite que la musique dramatique ait une valeur propre de musique pure indépendamment du texte. Un des traits caractéristiques de cette école est de s’insurger contre la vulgarité et la banalité."

 "La musique vocale au théâtre doit être en parfait accord avec le texte chanté."

 "Les formes de la musique lyrique ne dépendant nullement des moules traditionnels fixés par la routine ; elles doivent naitre librement et spontanément de la situation dramatique et des exigences particulières du texte".

 "Il importe de traduire musicalement, avec un maximum de relief, le caractère et le type de chacun des personnages d’une action ; de s’interdire le moindre anachronisme dans les œuvres qui ont un caractère historique ; de restituer fidèlement la couleur locale."

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César Cui

Le groupe des cinq repose sur de très fortes relations d’amitié, et par des idéaux et des objectifs communs. Ces compositeurs passent le plus clair de leur temps ensemble à discuter musique, hébergé par une jeune femme, Ludmila Chastakova, qui fait salon.

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Mili Balakirev

Entré dès 1868 en relation avec le groupe des Cinq, Tchaïkovski entretient des relations cordiales avec certains musiciens de ce groupe, malgré des divergences d’opinion. Il sympathise avec Balakirev, mais reste très méfiant envers Rimski-Korsakov et franchement hostile à l’égard de Moussorgski. « Moussorgski est une nature basse, qui aime le grossier, le brutal et le laid. [mais] il parle malgré toutes les horreurs dont il est capable, une langue neuve ». Il est vrai que l’alcoolisme avéré de l’auteur de « Boris Goudounov » et sa vie misérable qui en découle, n’est pas faite pour plaire au fervent monarchiste que restera toujours Tchaïkovski. Les relations avec le groupe des Cinq sont donc relativement distantes.

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Alexandre Borodine

D’ailleurs, même si Tchaïkovski appartient à la même génération que « les cinq » et commence sa carrière en même temps qu’eux, il ne se rattache jamais vraiment à ce mouvent nationaliste d’avant-garde. Réciproquement, il représente de leur point de vue, un art trop occidentalisé, même quand il place dans ses œuvres des références nationales ; ainsi le mouvement lent de son premier quatuor op.11 (1871) est construit sur une chanson russe et la deuxième Symphonie Petit-rusienne (1872) utilise des thèmes populaires ukrainiens. Il est vrai que si Tchaïkovski s’inspire du folklore (finales des concertos et de la 4eme symphonie par ex), il ne se croit jamais obligé comme Rimski de bémoliser les sensibles pour faire « vieux-russe ». nous explique Roland de Candé (histoire universelle de la musique, Seuil).

A propos de la Sixième Symphonie

I Adagio-Allegro non troppo (si mineur)

II Allegro con grazia ( D major ). Allegro con grazia (ré majeur).

III Allegro molto vivace ( G major ). Allegro molto vivace (sol majeur).

IV Finale . Finale. Adagio lamentoso ( B major ). Adagio lamentoso (B majeur).

Composée entre février et août 1893 et créée le 28 octobre de la même année à Saint-Pétersbourg, sous la direction du compositeur, cette symphonie est aussi la dernière oeuvre de Tchaïkovski (Op.74). Elle est surnommée « Pathétique » par Modest Tchaïkovski, le frère du compositeur, en raison du caractère extrêmement tourmenté de l’œuvre. Elle se voit pourvue d’un argument qui ne doit pas être dévoilé. « A l’époque de mon voyage (à Odessa), j’ai eu l’idée de composer une autre symphonie, à programme cette fois, mais un programme qui doit rester une énigme pour tous - qu’ils essayent de deviner ! La symphonie sera simplement intitulée « Symphonie à programme ». Ce programme est imprégné de sentiments subjectifs, et, assez souvent pendant mon voyage, en composant ma symphonie dans ma tête, j’ai versé des larmes abondantes. À mon retour je me suis assis pour écrire, et le travail a été si intense et rapide qu’en moins de quatre jours, le premier mouvement a été complètement achevé, et les autres mouvements déjà clairement élaborés dans ma tête. Le troisième mouvement est déjà à moitié fait. [...] Vous ne pouvez pas imaginer quel bonheur que je ressens, convaincu que ma vie n’est pas finie, et que je peux encore travailler  » écrit le compositeur à son neveu Vladimir (Bob) Davydov, qui sera le dédicataire de l’œuvre.

Pleine d’effusion et de pathos, cette symphonie est portée par une sincérité poignante et par une volonté de renouveler la forme symphonique qui fait sa grandeur. « Du point de vue de la forme il y aura beaucoup de choses nouvelles, le finale notamment ne sera plus un bruyant allegro, mais un adagio. », écrit Tchaïkovski, toujours à son neuveux.

« Certaines parties correspondent manifestement à un programme que le compositeur n’a jamais voulu révéler. On serait tenté d’y voir l’épisode de son essai raté de mariage qui se termina par une fuite, la désolation du dernier mouvement pourrait aussi évoquer l’épisode du suicide manqué ou, plus secrètement, l’œuvre pourrait traduire des épisodes du drame de l’homosexualité mal vécue par Tchaïkovski. L’ombre de la "Fantastique" [d’Hector Berlioz], référence fondamentale de toute la musique russe, plane sur cette symphonie. Elle comporte plusieurs mouvements de valse (premier et second mouvement) et le troisième mouvement rappelle la fameuse "Marche au supplice". Le premier mouvement impose dès l’abord cette atmosphère angoissante évoquée par des sonorités étouffées ou stridentes. Au centre apparaît un mouvement de valse triste dont la signification échappe, il est suivi par un nouveau passage véhément se terminant par une impressionnante plongée dans un vide sans fond. Le second mouvement nous présente comme par dérision un mouvement de valse vaguement enjoué. Avec le troisième mouvement s’exprime un nouvel accès de pessimisme sous forme d’un passage à mon avis très dense où se mêlent les pizzicati des cordes. Il évolue vers un motif haché sourd, indéfiniment martelé, vite lassant comme une marche au supplice. Le dernier mouvement nous transporte au seuil de la mort comme une dernière méditation sur soi-même, sur une vie d’échecs, de honte, de désillusions. Le thème confié au tutti de cordes divisées rappelle celui du troisième mouvement de la "Fantastique". Le mouvement se termine par un motif grave aux cordes comme le dernier râle d’un mourant. » (Claude Fernandez, critique musical, écrivain)

Tchaïkovski considère cette oeuvre avec une grande satisfaction : "Je pense que cela sera un succès, jamais je n’ai écrit quoi que ce soit avec un tel désir et telle ardeur. » (Lettre à Slatin Octobre 1893) « Je peux dire honnêtement que jamais dans ma vie je n’ai été si content de moi-même, si fier, ni si heureux d’avoir créé quelque chose d’aussi bon  » (Lettre de Petr Jürgenson, août 1893).

Et pourtant... on ne peut éviter l’évidence du parallèle que le public en son temps fit immédiatement : un requiem plus qu’une symphonie ? Le caractère funèbre indéniable de certains passages, l’inhabituel adagio final confèrent à cette oeuvre un caractère prémonitoire, et la lie étroitement à la mort de son auteur.

Extraits sonores

 http://www.peabody.jhu.edu/pcorecordings

 http://w3.rz-berlin.mpg.de/cmp/tchaikovsky_sym6.html

Partitions libres

 http://www.free-scores.com/partitions_telecharger.php ?partition=3756

 http://imslp.org/wiki/Symphony_No.6%2C_Op.74_(Tchaikovsky%2C_Pyotr_Ilyich)

 http://www.sheetmusicfox.com/Tchaikovsky/

Liens complémentaires

 Site très complet consacré aux recherches sur Tchaïkovski (en anglais) : http://www.tchaikovsky-research.net/en/index.html

 Critique musicale de plus d’une dizaine d’oeuvres de Tchaïkovsky par par Claude Fernandez : http://www.critique-musicale.com/musTCA.htm

 Une biographie très fournie : http://www.musicologie.org/Biographies/t/tchaikovski.html

 Partitions, transcriptions et arrangements de l’oeuvre (projet IMSLP de Google) : http://imslp.org/wiki/Symphony_No.6_(Tchaikovsky,_Pyotr_Ilyich)

Liens utilisés pour cet article

 http://www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/journal/oeuvre/fiche.php ?oeuv=250000066

 http://www.memo.fr/Dossier.asp ?ID=1313

 http://membres.lycos.fr/magnier/notions/notion16.html

 http://www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-piotr_ilyitch_tchaikovsky-1278.php

 http://jmomusique.skynetblogs.be/post/6513488/paques-a-noel

    Joëlle KUCZYNSKI
    Responsable administration de l’école à distance POLYPHONIES. Conception et réalisation des supports formation. Responsable rédaction du Mensuel. Chanteuse.
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